Vonick Laubreton est un
peintre à l’état sauvage. Par là, il faut entendre que le goût des couleurs et des
images l’habite depuis l’enfance. Cela ne veut pas dire qu’en huit décennies
d’existence, il ne s’est pas perfectionné – tout au contraire ! -, mais
que la peinture est consubstantielle à son existence, qu’il est entièrement
immergé dans son art. Forcément sa peinture nous parle de sa vie, de ses
souvenirs de voyages, de ses lectures et de ses « mythes », moteurs
de sa création. Sa technique, la tempéra, est simple et savante à la
fois ; elle a pour elle quelques millénaires d’avance sur l’huile et
l’acrylique. Et si d’aucuns jugent sa
peinture naïve, c’est parce qu’elle a la vitalité de ceux et celles qui ne se
posent pas de questions superflues. Comme le peintre l’écrit lui-même :
« à vouloir suivre pas à pas les
discours officiels, on finit par s’endormir au coin du feu ». Personnellement,
je préfère parler d’un réalisme poétique qui redouble le réel et embellit
l’expérience sensible.
Depuis la fermeture de la galerie Sordini, voici cinq ans, on
n’avait plus vu d’exposition Laubreton à Marseille. Il était temps de combler
cette lacune et c’est la spacieuse galerie
Ars Nova qui l’a fait avec cette exposition – presque une rétrospective –
qui montre des travaux courant sur près de soixante années. Natures mortes,
paysages, portraits familiaux et scènes de genre originales – toujours en
aplats - composent ce parcours émaillé
de citations judicieuses. Il est dommage que les approches plus historiques de
Laubreton n’y entrent pas ; auquel cas on verrait la profonde unité
stylistique de son œuvre. On pourra, si l’on veut mieux connaître l’artiste,
repartir avec son beau catalogue récemment publié aux éditions Le livre d’art.

Jacques LUCCHESI
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