Mais il en va pour les musées comme pour les
fondations : leur rénovation est une condition essentielle de leur survie.
Fermée pour travaux jusqu’en 2020 la fondation Burrell, plutôt que de laisser
dormir ses trésors dans leurs réserves, a opté pour le prêt aux musées
continentaux. En France, c’est le musée Cantini (lui-même issu d’une collection
privée) qui a remporté la mise. Encore fallait-il opérer une sélection
drastique pour la faire cadrer avec les objectifs esthétiques de la structure
d’accueil.
En se limitant à une soixantaine d’œuvres représentatives de la
peinture française du XIXeme siècle, c’est à un retour aux sources de l’art
moderne qu’invite cette exposition. Si Courbet,
Degas et Cézanne lui donnent son intitulé, on trouve bien d’autres maîtres,
petits et grands, de cette longue période qui, entre réalisme et
impressionnisme, a révolutionné notre regard sur l’art. Du reste, il s’agit
moins ici d’un découpage théorique que d’une promenade à travers l’imaginaire
de ces peintres souvent en rupture de ban avec les institutions de leur temps.
Ce fut bien sûr le cas pour Gustave Courbet dont on appréciera le caractère
social d’une toile comme L’aumône d’un mendiant à Ornans
(1868) ; ou encore de La servante studieuse de
Théodule Ribot (1871) qui en dit long sur le caractère transgressif du désir de
savoir dans les classes populaires d’alors. A moins qu’on ne préfère ce magnifique
Jambon peint par Edouard Manet en 1875. La mélancolie l’emporte dans
les ambiances sylvestres de Camille Corot et de Jean-François Millet ou les
délicates scènes bretonnes d’Eugène Boudin. Quant à Johan Barthold Jongkind, il
a mis en peinture l’incessant changement urbain avec Démolition de la rue des
Francs-Bourgeois à Paris (1868).
Ce sont là quelques moments
forts de cette exposition qui, sans être vraiment originale, nous permet de revisiter
agréablement nos fondamentaux. Et nous rappelle – vertu des échanges
internationaux – combien la peinture française reste prisée à l’étranger.
Jusqu’au 23 septembre 2018. Musée Cantini, 19 rue
Grignan, 13006 Marseille
Jacques LUCCHESI
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