Comment désormais imaginer Arles sans les
Rencontres Internationales de la Photographie qu’elle accueille chaque année
depuis 1970 ? Certes, la cité rhodanienne est riche de son passé romain et
de ses vestiges millénaires. La corrida est une autre de ses identités, même si
elle divise autant qu’elle rassemble aujourd’hui. Mais la photographie fait l’unanimité
et lui a apporté, au fil des ans et des décennies, une ouverture sur l’international
qu’elle n’aurait jamais eu sans cela. C’est ainsi que la Chine organise à
présent chez elle des Rencontres d’Arles
bis, à l’instar de la marque Louvre qui s’exporte dans le monde entier.
Une telle réussite est aussi
un défi pour ses organisateurs – Sam Stourdzé en tête – car ils doivent, année
après année, justifier leur réputation de plus grand festival européen de la photographie.
Et continuer d’attirer ici des milliers de touristes étrangers qui, sans cela,
n’auraient peut-être jamais fait le détour par Arles.
Cette année encore, ce sont
36 expositions qui ont été programmées en différents lieux de la ville,
dessinant un parcours subtil avec ses repères habituels et ses nouveautés. Plusieurs
thématiques s’entrelacent : l’homme augmenté (Matthieu Gafsou à la Maison
des peintres), Mai 68 avec de très nombreux clichés et slogans d’époque (salle
Croisière) ou l’Amérique vue par des photographes européens.

Evidemment, un professionnel
aguerri peut facilement composer des chimères – comme les chiens humanisés de
William Wegman au Palais de l’Archevêché. Il peut aussi manipuler argentique et
numérique pour un résultat parfaitement formaté mais parfaitement impersonnel
aussi – comme les balcons de Baptiste Rabichon au cloître Saint Trophime. Mais
quelle émotion peut en retirer le spectateur qui les contemple, sinon l’ironie
d’un sourire en coin ?
De l’émotion, heureusement,
il y en avait à revendre dans les expositions conjointes de Jane Evelyne Atwood
et Joan Colom (salle Croisière), méditation sur les visages de la prostitution
dans l’espace public, à Paris et à Barcelone. Ou encore dans The
last Testament, l’exposition de Jonas Bendiksen à l’église Sainte Anne
sur la recrudescence des nouveaux Messies dans le monde. Une mention également
pour Serge Assier qui, parallèlement à ces Rencontres, expose à la maison des Associations,
les fruits d’un demi-siècle de rencontres et de bonheurs photographiques.
Jusqu’au 23 septembre 2018. Tous renseignements sur: rencontres-arles.com
Jacques LUCCHESI
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