Hervé André à Urban Gallery







 Depuis quelques années c’était le calme plat du côté d’Urban Gallery. L’espace multi-arts conçu et dirigé par Piera Safriouine ne communiquait plus, semblait n’avoir plus aucune programmation. Etait-il entré dans un sommeil définitif ? Sa relocalisation, en 2012, à la rue Mazenod – juste derrière la cathédrale de la Major – laissait pourtant augurer une dynamique nouvelle, avec des expositions thématiques (autour de la Chine) et monographiques (Monique Peytral) remarquées.  C’était sans compter avec la détermination et la passion pour l’art de sa directrice. En ce printemps 2018, tel le Phénix resurgi de ses cendres, c’est une autre galerie, toujours sous la même enseigne, qui ouvre ses portes à quelques numéros seulement de l’ancienne. Une galerie de quelques 500 M2, repensée de fond en comble  et dotée, cette fois, d’un appréciable pas-de-porte. Impossible, pour le visiteur de passage, de ne pas la remarquer. 

C’est avec Affect, une exposition d’Hervé André, qu’Urban Gallery (version 3) a donc été inaugurée le jeudi 24 mai. Un bon choix, certainement, qui la resitue de plain-pied dans le circuit de l’art contemporain. Car Hervé André, qui vit et travaille à Marseille, est une valeur montante de la scène artistique, créateur polymorphe dont l’esthétique s’inscrit dans la mouvance de la figuration libre chère à Combas  et Di Rosa – pour rester dans l’aire française de ce mouvement. 

On retrouve aussi un soupçon de Ben dans les acryliques et les grandes encres qu’Hervé André expose ici, sous la forme de jeux de mots et de sentences corrosives (« Art blan-chie – ment »). Pourtant ses œuvres pourraient se passer de ces bribes d’écriture, tellement elles sont en soi éloquentes. C’est un univers inquiétant qui se dégage des couleurs sombres de sa palette, comme des créatures étranges et grimaçantes que sa plume génère sans aucune censure. Autant de reflets de notre société engluée dans son idéologie consumériste. Sa critique est sans appel, tout comme son humour qui fait souvent rire jaune. Tiens, voilà peut-être une locution qui pourrait trouver sa contrepartie picturale, pourquoi pas dans un prochain portrait ?

A découvrir jusqu’au 15 juin 2018. Urban Gallery, 9 rue Mazenod, 13002 Marseille. Tel : 04 91 87 43 35

Jacques LUCCHESI

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