Guillaume Singer à l’espace Carte Blanche









 On ne sait trop comment naît une vocation artistique, quelle est la part exacte des émotions (jusque là bien contenues) ni le rôle des rencontres dans ce bouleversement existentiel. J’ai connu Guillaume Singer quand il était encore un jeune journaliste sportif. La boxe le passionnait, à tel point que sa fréquentation professionnelle des rings l’entraîna à pratiquer lui-même ce sport exigeant. Plus de vingt ans après je le retrouve en peintre abstrait. Un peintre qui a redécouvert instinctivement le chemin ouvert bien avant lui par des plasticiens comme Jackson Pollock et Jean-Paul Riopelle. Comme s’il voulait redonner un nouveau souffle à cet art aléatoire de la tâche et de la coulée en une époque qui privilégie bien davantage la figuration libre et le Street-Art. Dès ses premières expositions – signe que rien n’est forclos en ce domaine -, il a connu, ventes à l’appui, un succès appréciable qui l’a encouragé à poursuivre son sillon.

 Aujourd’hui, c’est à l’espace Carte Blanche qu’il montre ses récentes compositions – Dix-huit grands et moyens formats et neuf petits formats – jusqu’à la fin du mois d’octobre. Il serait difficile de rester insensible devant son sens inné de la couleur ; ces couleurs qu’il dispose sans pinceau sur la toile avec l’enthousiasme de l’explorateur. Ainsi, la tâche initiale se démultiplie de façon toute cellulaire, formant rapidement une texture rhizomatique. Harmonie étonnante de ses coloris doux comme un parterre de fleurs et de feuilles en automne. Les titres, souvent chargés d’humour, viennent après : Taki et Kardi, Kahin-Kaha
Certains critiqueront cette approche purement intuitive de l’art : mais n’est-ce pas sur le résultat et l’impression, agréable ou non, qui s’en dégage que l’on doit aussi juger un tableau ? Du reste, on trouve ici des œuvres moins exubérantes, plus secrètes et plus resserrées. C’est le cas pour les petits formats dont les arabesques font songer à des signes idéographiques.






Que ces quelques lignes, amis lecteurs, ne vous dispensent pas d’aller in situ vous faire votre propre idée de cet artiste inattendu mais avec lequel il faudra  désormais compter. C’est même leur principale ambition.

Espace Carte Blanche, 27 rue de Lodi, 13006 Marseille. Contact au  06 12  18 23 22 ou sur http://espace-carteblanche.com/

Jacques Lucchesi

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